• Infanticide

    « Gagne ton indépendance d'abord ». Gagner son indépendance. Es-ce un jeu ? Avoir des diplômes. Gagner de l'argent. Pouvoir conduire une voiture. Fonder une famille. Toutes ces choses sont censées nous faire grandir et nous mener à l'indépendance. Comme si l'enfant que nous étions jadis et que j'ai choisis de rester était prisonnier. Prisonnier de quoi ? De ses rêves ? De ses désirs ? Pour l'enfant tout est possible, tout est jeu, tout est découverte et émerveillement. Les pragmatiques me répondront que l'enfant est dépendant de ses parents qui le nourrissent, l'abreuvent et le logent. Et à ces mêmes pragmatiques je répond que l'adulte « indépendant » est dépendant du monde auquel il choisit de s'enchaîner. Et le monde l'appâte et lui fait miroiter mille promesses de liberté. Et, aveuglé par ses désir, et par la volonté de briller aussi fort que son voisin, l'adulte indépendant se convainc qu'il est indépendant. Et le monde sourit en resserrant son piège autour de la cheville du malheureux. Il étiquette son nouveau trophée, et l'entrepose sur son présentoir. Fin de l'histoire. Le monde est un collectionneur, et il ne fait que peu de cas de ses prises. Il cherche juste à en posséder le plus possible. Bien sur, le monde tiens à entretenir sa collection, et aussi simplement qu'on donne de la poudre multicolore à des poissons, il donne à ses jouets l'illusion de la liberté. Avoir une feuille de papier attestant de notre valeur. Pouvoir échanger de la sueur contre des objets. Se déplacer d'un point à un autre le plus vite possible. Se multiplier. Voilà l'indépendance moderne de l'adulte indépendant. Et, bardé de ses libertés futiles qu'il considère comme le plus précieux des cadeaux, le voilà qui assomme ses enfants de grand discours moralisateurs pour leur imposer ces libertés futiles. Mais l'enfant a peur, et voilà la crise de l'adolescence. L'enfant se débat en voyant le piège se refermer sur sa propre cheville, et il pleure, et il hurle, et l'adulte indépendant le regarde en souriant. « Tout le monde passe par là, ne te débat pas, tu vas goûter à la vraie liberté ». Et, voyant son modèle de confiance qui ne bouge pas le petit doigt pour l'aider, l'enfant abandonne le combat. Il échange son estime autodidacte contre un bout de papier. Il sue au lieu de construire. Il rallie deux points sans regarder le paysage. Il veut faire souffrir comme il a souffert. Voilà l'indépendance moderne de l'adulte indépendant.

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