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unclekouby dans
Le Requiem des Fous le
27 Mai 2007 à 11:52
Une nouvelle fois je me gorge de ce sentiment. Une nouvelle fois tout mon être entre en résonance. Une nouvelle fois je veux serrez dans mes bras, goûter, habiter l'objet de mes désirs. Et une nouvelle fois mes seules compagnes sont cette page blanche que mon âme noircit pour se purifier, pour se décharger, et cette lancinante musique qui dresse chaque poil, chaque cellule de mon corps. La résonance. Quand toutes les choses qui vous plaisent et vous déplaisent s'accordent en une symphonie. La résonance. Qu'importent les joies, les peines, les ambitions, les déceptions, les réussites ou les échecs. La résonance n'est pas manichéenne. Ce qui se présente à elle, la résonance se l'approprie. Elle se gonfle, se distant, s'amplifie, se consolide, devenant plus avide, plus gourmande. Elle veut plus. Toujours plus. Mais, sans être paresseuse, la résonance va au plus offrant. Question de facilité? Question de rendement? La résonance n'en a cure. Que ce soit le travailleur à qui tout sourit, à force d'acharnement, qui touche du regard l'étendu de son pouvoir d'achat, constatant que sa seule limite est celle de l'horizon de son imagination. Que ce soit le junky roulant dans sa crasse et dans sa douleur, qui plante dans ses veines l'essence de cette douleur, qui sature en un bien être d'extase chimique. Moyens différents. Finalités identiques. Les deux ressentent. Les deux vibrent. Les deux résonnent. Certains ont tenté de domestiquer cette résonance. De la codifier. Mais la résonance est sauvage, et la plier, c'est la corrompre. Ainsi les premières fausses notes ont infiltré la symphonie, couvrant de leur dissonance toutes les autres notes, les corrompant à leur tour. Et j'erre dans ce vacarme assourdissant. Et je vois mes semblables danser sur cette musique dont ils ignorent l'imperfection. Et tous ils résonnent, dérègles et convaincus. Mais ils n'en résonnent pas moins. Aussi respecté-je, sans m'y immerger, cette onde insalubre. Et j'y glisse, comme sur une pente de plus en plus abrupte. Et parfois je vois d'autres glisseurs. Et parfois certains me donnent de nouvelles cordes à faire vibrer. Le plus précieux des cadeaux à mes yeux. Car voilà bien l'essentiel. Qu'importent le bas de la pente, la couleur de l'eau ou les sons désagréables. L'essentiel, c'est de glisser, toujours plus loin, toujours plus vite, et surtout de résonner de plus en plus fort, pour rendre hommage à ces dons désintéressés. Ainsi nous résonnerons, et nous nous comprendrons. Et toi, objet de mes désirs, puisses tu à jamais résonner et envoyer tes cordes aux glisseurs en manque de vitesse...